L’égalité des chances, les diversités, l’ouverture : un colloque inter-ENS

11-12 Juin 2024 à l'ENS de Lyon (amphithéâtre Charles Mérieux, place de l'Ecole), 13 juin 2024 à l'ENS-PSL à Paris (amphithéâtre Jaurès, 29 rue d’Ulm).

Au début des années 2000, l’IEP de Paris et l’ESSEC mettent en place des politiques visant à ouvrir leur recrutement social. Si elles s’accordent sur le diagnostic d’une trop faible représentation des classes populaires dans les formations d’élites, elles proposent deux dispositifs différents : voie d’accès réservée pour l’IEP (« Conventions ZEP »), programme d’accompagnement pour préparer le concours à l’ESSEC (« Une grande école pourquoi pas moi ? »). Rapidement d’autres grandes écoles et formations supérieures s’engagent à leur tour dans des actions qui s’inspirent le plus souvent de celles de l’ESSEC. Le ministère de l’Éducation nationale puis le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche initient en 2008 « les cordées de la réussite », qui associent des lycées puis des collèges, surtout situés en zones prioritaires, à des établissements d’enseignement supérieur pour créer de l’émulation et lutter contre l’autocensure en s’appuyant sur le tutorat. Le pourcentage de boursiers présents dans les grandes écoles s’impose progressivement comme le critère de la mesure de l’efficacité de ces politiques avec pour cible 30 % de boursiers.

Vingt ans après, le bilan est contrasté. En décembre 2020, le rapport Diversité sociale et territoriale dans l’enseignement supérieur, remis à la ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche par la commission Hirsch, invite à dépasser le seul angle social pour élargir à la « diversité sociale, territoriale, inégalités d’accès (l’outre-mer), diversité d’origine, diversité ethnique et diversité de genre ». La ministre demande alors aux écoles les plus sélectives — les ENS, l’École polytechnique, HEC et l’ESSEC — de réfléchir aux moyens à mettre en œuvre pour accroitre l’ouverture sociale parmi leurs étudiants. L’année suivante, en 2021, l’État double le nombre des bénéficiaires des « cordées de la réussite » et en 2023 la Première ministre a fait du « mentorat une grande cause nationale ».  

Dans le même temps, des ambiguïtés du concept d’égalité des chances sont pointées : abandonner à leur sort les « vaincus » de la compétition scolaire ; priver les territoires défavorisés de leurs meilleures chances au bénéfice de quelques rares « vainqueurs » ; faire de la réussite ou de l’échec une responsabilité individuelle et gommer ainsi les effets d’un système éducatif tourné vers la sélection d’une élite trop étroite. Sont interrogées les notions de « mérite », d’« excellence » et la pertinence de l’indicateur boursier.

Par leurs histoires, les ENS sont intimement liées à la mise en œuvre d’une promotion fondée sur l’excellence, le mérite et le service du pays. Avec d’autres, elles sont à la fois les formations les plus sélectives, la pointe de l’élitisme républicain, de la promesse de réussite par l’école, le travail et le mérite, et parmi celles dans lesquelles le pourcentage de boursiers reste le plus faible. Les ENS sont engagées dans des réalisations et une réflexion active sur les moyens et les leviers destinés à assurer la mission d’ouverture sociale intimement liée à leur histoire et qu’imposent les enjeux contemporains. Leurs associations d’Alumni, les associations étudiantes actuelles, les gouvernances et les chercheurs sont les promoteurs d’initiatives et de réalisations diverses dans cette optique. Il reste pourtant encore du chemin à parcourir pour que la réalité soit à la hauteur des ambitions.

C’est sous ce triple éclairage de la recherche, des politiques, des engagements développés dans les ENS, que ces trois journées de colloque se proposent de dresser un état des lieux de la question des inégalités et de dégager des perspectives d’action. La recherche aide à mieux définir les termes, à mesurer la réalité et l’ampleur des phénomènes, à replacer les ENS dans un cadre historique et géographique plus large et un environnement qui les conditionne pour partie. Les retours d’expérience de celles et ceux qui se sont engagé-e-s dans des opérations d’égalité des chances ou en ont été bénéficiaires sont précieux. Le colloque permettra ainsi de rassembler des apports scientifiques, d’en susciter de nouveaux, pour tous ceux qui s’intéressent à des questions socialement vives.

Particulièrement concernées, les ENS ont l’ambition, en lien avec les associations des élèves et anciens élèves, d’être, pour reprendre l’expression de Frédéric Worms, « incubateurs d’une recherche engagée dans la République ».

Avec le soutien des associations d’élèves et anciens élèves des ENS (AEAEENS Lyon, AUlm).

Cloture des inscriptions en présentiel le lundi 10 juin à midi. 

Une retransmission sera assurée en streaming pour l'ensemble des trois journées, pas d'inscription nécessaire pour le distanciel.

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